Après les Massacres de Sétif et Guelma, le 8 mai 1945, les familles oranaises adoptent des orphelins venus de l’est du pays. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, et à la veille de la guerre d'Algérie, Oran est démographiquement la ville la plus européenne de l'Algérie ; c'est aussi celle où la population d'origine espagnole a la plus forte prépondérance numérique. En 1948, la ville compte 352 721 habitants. La population oranaise originaire d'Espagne est estimée à 65 % du total des Européens, eux-mêmes plus nombreux que les musulmans58.
En mars 1949, Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, responsables du PPA, préparent depuis « l'hôtel de Paris » le cambriolage de la poste d’Oran. Ce vol rapporte 3 070 000 francs et sert de trésor de guerre initial au FLN.
Quant à la population de la ville, selon Benjamin Stora :
« Il serait erroné de considérer ceux que l’on appellera plus tard les « pieds-noirs » comme un « peuple » homogène. Très souvent, par leur situation sociale, ils se heurtent à une couche sociale constituée de gros propriétaires fonciers. Mais en dépit de ces oppositions, ils sont unanimes, et particulièrement à Oran, où ils sont majoritaires, à défendre leurs privilèges, qui rendent le plus petit fonctionnaire français supérieur à n’importe quel Algérien musulman. Leur unité est due à une peur commune de la majorité musulmane59. »
Si la troisième république excluait de la politique les « indigènes » 60, ce statut est aboli en trois temps par la quatrième république qui leur reconnait pleinement l'accès à la nationalité le 7 avril 1946, puis impose l'année suivante l'égalité politique et l'égal accès aux emplois du service public. Bien que l'application de la loi ne soit pas complète61, la situation politique évolue avec l'élection de députés « indigènes » à Oran. Une des figures les plus importante est Chérif Sid Cara, député Oranais qui devient sénateur, secrétaire d'état, puis coprésident du comité de salut public algérien avec le général Massu.