Berbérie musulmane et domination orientaleLe choix proposé était très simple, l'égalité des hommes devant la loi et l'adoption d'une loi nouvelle qui permettrait aux populations pour la première fois dans leur tumultueuse histoire de s'amalgamer librement aux nouveaux venus. L'accession des Berbères à la foi musulmane leur donna la cohésion qui leur manquait. Les succès remportés au nord de Gibraltar pouvaient contribuer au renforcement de la nouvelle unité de l'Afrique septentrionale mais le particularisme berbère s'exprima rapidement dans le kharidjisme, qui jouera un rôle déterminant dans l'histoire de l'Islam nord-africain. Dès 740, la pression fiscale imposée par les califes ommeyades déclenche la révolte, et les rebelles ne sont arrêtés qu'en mai 742 devant Kairouan. La fin de la dynastie ommeyade et le déplacement vers Bagdad de la capitale califale laissent à l'Afrique une quasi-indépendance. Les conquérants arabes perdent largement le contrôle du Maghreb mais l'Islam y est désormais solidement implanté. Kairouan est finalement reconquise par le gouverneur d'Égypte en 761. L'un de ses successeurs réalise, de 772 à 787, une éradication définitive des schismatiques de Tunisie – alors que s'établissent durablement, dans le Maghreb central et occidental, les royaumes kharidjites de Tiaret, de Tlemcen et de Sidjilmassa. Le royaume idrisside formé autour de Fez (par un chérif descendant du Prophète) et l'émirat aghlabide (qui contrôle l'Ifriqiya de Bône à Tripoli) ne gardent que des liens assez formels avec le nouveau califat abbasside de Bagdad, sans remettre en cause l'islamisation du Maghreb où le malékisme s'impose au IXe siècle. S'appuyant sur les Berbères Kotama, c'est au nom du mahdi shi'ite Obeid Allah qu'un chef de guerre acquis à l'ismaëlisme, Abou Abdallah, assiégea Sétif. La place finit par capituler et la muraille qui l'entourait fut détruite en l'an 904. Abou Abdallah détruira le royaume aghlabide pour lui substituer un califat shi'ite « fatimide » qui, au cours du Xe siècle, étendra son autorité sur l'ensemble du Maghreb et sur l'Égypte, conquise en 969. En 972, El Moezz issu de la tribu des Kotama de la région de Béni Aziz, près de Sétif, dernier Emir fatimide de Kairouan, fut appelé au trône d'Egypte et quitta l'Afrique du nord, pour installer sa capitale au Caire. Entre-temps, l'un des successeurs d'Obeid Allah écrasa en 947 la révolte de « l'homme à l'âne », Abou Yazid, dernier sursaut de la Berbérie nomade et kharidjite contre un pouvoir perçu comme étranger. Mis en place par le calife fatimide pour gouverner l'Afrique du Nord, les Zirides – qui devront bientôt compter avec la dynastie rivale des Hammadides – entrent en dissidence et reconnaissent en 1048 l'autorité du calife abbasside et sunnite de Bagdad