Période islamique[modifier]Peu après sa fondation, Oran devient un objet de conflit entre Omeyyades de Cordoue et Fatimides. La ville est prise et reprise au cours d'un conflit qui durera de 910 à 1082[42]. Dès l'an 1000, la communauté juive est présente et structurée à Oran[b 1]. À cette époque, la valeur stratégique d'Oran dépasse celle d'Alger et de Tlemcen[5]. En 1077, la ville tombe sous le contrôle du fondateur de la dynastie des Almoravides, Youssef Ibn Tachfin, et subit cette souveraineté pendant 68 ans. En 1145, Oran est prise par les troupes Almohades de Abdl al Mumin Ibn Ali déjà victorieuses à Tlemcen, lorsque l'émir almoravide Ibrahim Ben Tachfin et sa favorite Aziza sont tués lors de leur retraite en tombant avec leur cheval du haut d'une falaise de la montagne Murdjajo[a 9], alors qu'ils comptaient rejoindre le port de Mers el-Kébir où ils devaient embarquer pour l’Andalousie[43].
En arrière plan, Bordj El-Mehel (Tour des Cigognes), ou Rozalcazar puis Château-Neuf sous les Espagnols et les FrançaisSous le règne almohade, la ville connait une longue période de stabilité et de prospérité de plus d'un siècle au cours de laquelle sont développés le port et des chantiers navals[31]. Malgré des persécutions sous les Almohades, la communauté juive se développe, et entre le XIIe siècle et le XIVe siècle, les Juifs de la Méditerranée occidentale commercent avec les Juifs d'Oran[b 2].
L'empire almohade qui domine le Maghreb plusieurs décennies s'émiette peu à peu pour finalement donner naissance à trois dynasties locales : Hafsides en 1230, Zianides en 1235 et Mérinides en 1258. Oran devient Zianide dès 1228, quand elle tombe entre les mains de Yaghmurasen. Plus tard la ville est prise par les Mérinides, et Abou El Hassan vient y résider en 1347[44].
« En moins d'un demi-siècle, dit M. L. Fey[45], Oran passa neuf fois sous différents pouvoirs... Ben-Abbad réussit à se maintenir à la tête du gouvernement oranais, à la condition qu'il se reconnaîtrait vassal du royaume hafside (1437) ». Oran accueille dans ses murs à cette époque, le célèbre Mohammed IX al-Aysar, surnommé le gaucher et quinzième roi de Grenade, obligé de fuir devant ses sujets insurgés. À la mort de Ben-Abbad, Oran obéit aux Zianides de Tlemcen. Sous cette nouvelle domination, Oran jouit d'une grande prospérité ; elle devient le centre d'un commerce très actif et très étendu. Marmo et Alvarès Gomès en rendent témoignage[45]. « L'ivoire, les dépouilles d'autruche, les peaux de bœuf tannées, la poudre d'or, les céréales étaient d'inépuisables sources de richesses pour les habitants, qui excellaient aussi dans la fabrication des étoffes de laine et dans celle des armes blanches. Les Vénitiens, les Pisans, les Génois, les Marseillais et les Catalans achetaient à l'envi ces produits, écoulant par contre des étoffes, des verroteries, de la quincaillerie grossière et du fer. » Oran compte alors 6 000 maisons, des mosquées splendides, de vastes entrepôts commerciaux et de nombreux superbes édifices. Plusieurs édifices remarquables datent de cette époque, comme les fortifications de Mers El Kébir et probablement des donjons du Rozalcazar.
Au XIVe siècle, Oran devient un centre intellectuel[44]. Plusieurs écrivains y séjournent et en vantent les attraits :
Carte des relations commerciales d'Oran au XIVe siècleIbn Khaldoun : « Oran est supérieure à toutes les autres villes par son commerce. C'est le paradis des malheureux. Celui qui arrive pauvre dans ses murs en repart riche »[46].
Al Idrissi : « Wahran est près du bord de la mer, elle fait face à Alméria sur la côte d'Andalousie dont elle est séparée par deux journées de navigation. Marsa El Kébir est un port sans pareil sur tous les rivages de la Berbérie. Les navires d'Andalousie y viennent souvent. On trouve à Wahran, des fruits à profusion. Ses habitants sont des hommes d'action, puissants et fiers »[47].
Ibn Khémis : « Les deux villes frontières qui m'ont plu dans le Maghreb sont Oran de Khazer et Alger de Bologhine »[47],[48].
Léon l'Africain : « Oran est une grande cité bien fournie d'édifices et de toutes sortes de choses qui sont séantes à une bonne cité, comme collèges, hôpitaux, bains publics et hôtellerie, la ville étant ceinte par ailleurs de belles et hautes murailles »[47].
Lors de la première expulsion en 1391 de juifs d'Espagne, les Séfarades prennent le chemin du Maghreb. En 1492, à la suite du décret de l'Alhambra, Séfarades et Marranes embarquent dans 25 navires au port de Santa Maria à Cadix à destination d'Oran[b 3].
À cette époque, Oran est une République maritime, une cité-État se comportant en principauté détachée du royaume zianide[5]. La ville est en guerre contre les souverains de Tlemcen et les habitants refusent d'avoir un gouverneur au sein de la cité. Ils choisissent chaque année un Juge Souverain ainsi que des assesseurs pour le gouvernement de la ville. Les pouvoirs de la cour de Tlemcen sont limités à la perception de l'impôt[49].
À partir de 1493, Oran accueille un nombre important de réfugiés grenadins chassés par la Reconquista. L'envie de vengeance, de reconquête, et le grand nombre de réfugiés vont faire de la côte algérienne le point de départ d'un grand nombre d'attaques contre l'Espagne chrétienne. Au début du XVIe siècle, les Rois Catholiques au sommet de leur puissance, vont ordonner en retour l'annexion de nombreux ports d'Algérie.
L'appui militaire ottoman chasse les Espagnols de tous les ports conquis, à l'exception de ceux d'Oran (1509-1708) et de Mers el-Kébir (1505-1792)