L'homme a modifié les concentrations en gaz à effet de serre dans l'atmosphère depuis au moins 2 000 ans, et probablement plus. Ceci est la conclusion surprenante d'une nouvelle étude internationale qui a porté sur le méthane emprisonné dans la glace en Antarctique.
L'étude, réalisée par une équipe internationale de chercheurs Américains, Australiens et Néo-Zélandais a été publiée dans le numéro du 9 Septembre de la revue "Science".
Celle-ci révèle qu'il existe de grandes variations dans les teneurs en méthane depuis le début de notre ère. Dominic Ferreti, auteur principal de l'étude et chercheur, attribue cela à la combustion de la biomasse. En effet, le méthane est un gaz à effet de serre majeur qui est émis soit par les incendies, soit par une activité microbienne anaérobie en agriculture, chez les animaux d'élevage et dans des sources naturelles. A priori, les chercheurs chercheurs s'attendaient à voir une augmentation lente de la concentration de méthane jusqu'au début de la Révolution Industrielle vers la fin du 18e siècle.
On a réussi pour la première fois à séparer les sources de méthane "pyrogène" (par le feu) et les sources anaérobies par une analyse d'isotopes stables dans les carottes de glace. Les résultats indiquent que les émissions de méthane par le feu avaient diminué d'environ 40% entre l'an mil et 1700, probablement par une baisse des feux de forêts provoqués par les populations indigènes des Amériques, populations décimées par les maladies importées de l'Europe.
"Ces résultats nous ont fait l'effet d'un choc", disait James White, co-auteur. "On voit des traces humaines sur toutes les émissions atmosphériques depuis au moins 2 000 ans. L'homme fait partie du cycle de carbone depuis nettement plus longtemps qu'on ne le croyait."
Les chercheurs ont noté une baisse massive d'émissions de méthane pyrogène de 1500 à 1600, la même période pendant laquelle, selon les anthropologues, l'Amérique Centrale et Latine ont perdu jusqu'à 90% de leurs populations indigènes. La plupart des forêts Européennes ou Chinoises ont déjà été éclaircies pour être converties en terres arables ou habitables au début de notre ère. Les populations indigènes auraient donc eu une influence disproportionnée sur les émissions de méthane anthropogènes.
L'importance de cette étude réside dans le fait que l'augmentation de la concentration de méthane est le deuxième facteur du réchauffement climatique depuis 250 ans, après le dioxyde de carbone. Elle compte pour environ 20% du réchauffement total. En effet, Le méthane a un pouvoir réchauffant plus de 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.
Selon le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat), environ 60% du méthane atmosphérique trouve ses origines dans des activités humaines. L'augmentation depuis deux siècles est due à une intensification du débroussaillage par le feu, l'utilisation du bois pour le chauffage et la cuisson, une activité accrue d'élevage, et la riziculture, sans parler des fuites de gaz à la production des carburants et la décomposition des déchets. A cela, il faut ajouter les sources naturelles de méthane, comme les zônes humides, les termites ou les incendies.