Dans l'hindouisme, le mot karman a les sens suivants[2] :
1.acte rituel ;
2.tout acte, action, œuvre ;
3.travail, activité ;
4.conséquence des actes ;
5.reliquat des conséquences bonnes ou mauvaises à subir pour les actes passés et déterminant les incarnations successives.
Les hindous croient à la réincarnation. Ils accordent crédit à la croyance d'une continuation de l'existence après la mort et pensent que nos actions dans cette vie détermineront notre prochaine vie. Les actions de vies passées constituent le karma. La vie actuelle est à considérer, selon ce point de vue, comme le rayonnement des actions des vies passées. De même que l'on sème un champ, c'est la qualité des graines qui assure la capacité de la récolte à venir, selon un proverbe antique[3].
Pour l'hindouisme, la mort est comme un changement de vêtements car l'âme change de corps d'une manière similaire après la mort. Le but suprême de l'hindou est l'union de l'âme individuelle ou âtman, avec l'âme cosmique ou parātman[3].
Un incident important de la mythologie indienne est raconté dans le Mahābhārata. À la veille de la grande bataille, Arjuna, le plus brave des cinq frères Pandava, se met à douter de la nécessité de se battre, car dans l'autre camp se tiennent ses propres cousins. Krishna est sur le champ de bataille comme l'aurige d'Arjurna et il lui tient un discours sublime qui constitue la Bhagavad-Gîtâ. L'essence de ce discours, familière à tous les indiens, est que le karma engendre le dharma : vos bonnes actions constituent votre religion, ou, en d'autres termes, vos devoirs, votre destin, votre existence[3].
Le karma est le reflet de nos actions antérieures qui se manifeste dans notre vie actuelle. Il faut constamment chercher à améliorer son karma, littéralement ses actions, par de bonnes actions et en respectant le dharma. Le but ultime est de s'élever au-dessus des cycles des morts et des renaissances et d'atteindre l'état de béatitude éternelle appelée moksha[3].
Cette notion amène donc, pour l'hindou, à une profonde croyance dans le destin, que ce qui doit arriver arrivera. Toutefois, cela ne doit pas être confondu avec de la paresse ni du fatalisme, car ce sont nos vies précédentes qui portent leurs ombres sur la présente, et la façon dont nous réagirons influencera la prochaine[3].
Les hindous croient dans le cycle des morts et des renaissances ; il faut cinquante-deux millions de naissances avant de renaître comme un humain. Une fois la naissance humaine acquise, il ne faut pas la gaspiller en se faisant du mauvais karma, car cela engendrerait une réincarnation rétrograde : lépreux ou animal par exemple. Vous récoltez ce que vous semez est donc l'essence de la loi du karma. Le karma de chacun est de bien faire son devoir sans en chercher les fruits, dit la Bhagavad-Gîtâ. La vie humaine, dans l'hindouisme, donne l'opportunité de se libérer du cycle des morts et des renaissances. Cet état de libération est appelé nirvāna ou moksha[3].
La réalisation de cette vérité éternelle est extrêmement difficile car le matérialisme illusoire du monde nous voile la vraie connaissance. Cette illusion est appelée māyā : un monde où la richesse, la prospérité, l'égoïsme, la jalousie et les relations sont sources de tentations. L'hindouisme dit que rien n'est permanent dans ce monde. Ce qui a un début a nécessairement une fin. Tout comme la fleur de lotus qui s'élève au-dessus des eaux stagnantes qui l'entourent, l'individu doit s'élever au-dessus du monde des désirs de māyā. La reconnaissance de cette aspiration et les efforts pour s'en écarter forment la base des philosophies orientales dont celle de l'hindouisme, du jaïnisme et du bouddhisme[3].
Il n'y a donc pas de tension, de stress, dans le mode de vie proposé par l'hindouisme. Car si quelque chose n'a pu être terminé durant cette vie, la prochaine vie donnera l'occasion de compléter cette tâche. C'est un aspect qui est inconnu des philosophies occidentales[3].