Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable contre les mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par Didyme d'Alexandrie. Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d'un éperon et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en parla jusqu'à Johann Friedrich Blumenbach, qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à 11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un follicule unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne, devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ; droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies au milieu de la touffe terminale de la queue. Gérard Paul Deshayes, en 1829, décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa base à la peau seulement, et non à la dernière vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à 6 mm. Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à la peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe