Les Kabyles font partie des Berbères (Imazighen). Leur langue, le kabyle (taqbaylit), est une variété du berbère (tamazight). Elle compte un nombre important de locuteurs en dehors de Kabylie, de l'ordre de deux à deux millions et demi[29], dans le reste du pays (notamment à Alger où ils représentent une forte proportion de la population[33]) et à l'étranger (principalement en France où ils seraient près d'un million de personnes[29], mais aussi dans le reste de l'Europe et au Canada). On peut estimer à cinq millions et demi le nombre total de locuteurs du kabyle[29], ce qui en fait le deuxième groupe berbérophone dans le monde, après les Chleuhs du Maroc.
Signalisation trilingue à la faculté de Tizi-Ouzou (photographie de 2007).Le territoire de la Grande Kabylie compte peu d'arabophones. En revanche, Basse et Petite Kabylies ont été davantage arabisées. Le processus est ancien en Basse Kabylie, où il remonte à la période ottomane. À cette époque, des terrains de la région furent concédés à quelques familles d'origine turque ou arabe ainsi qu'à la tribu des Iamriwen, constituée d'aventuriers et de proscrits des autres tribus kabyles[34]. En même temps que la garde et l'usage des terres de plaines, ils recevaient de leurs commanditaires un cheval avec la charge de tenir en respect les populations avoisinantes. Leur contrôle s'étendit jusqu'en Haute Kabylie, sur toute la moyenne vallée du Sebaou : là comme dans les basses plaines, le makhzen se montra un puissant facteur d'arabisation. Toutefois on a assisté depuis à une rekabylisation partielle de ces territoires.
En Petite Kabylie, le kabyle était encore majoritairement parlé au XIXe siècle jusqu'au-delà de l'Oued el Kebir. Si Jijel et ses environs étaient déjà arabisés, vers l'intérieur il n'y avait pas encore de rupture territoriale entre les parlers kabyle et chaouïa. Le Guergour est à moitié arabophone, le Ferdjioua en totalité. Dans l'est algérien, l'expression de Kabyles el hadra a été créée pour désigner les montagnards arabisés du Nord-Constantinois[35].
En Grande Kabylie et dans la partie de la Petite Kabylie où le kabyle prévaut, il est la langue maternelle et quotidienne de la presque totalité de la population[3]. Là où populations kabylophones et arabophones sont en contact, un bilinguisme kabyle-arabe algérien est pratiqué de part et d'autre[4]. À Béjaïa et à Tizi-Ouzou, où la population urbaine traditionnelle était majoritairement arabophone, l'exode rural qui a suivi l'indépendance a généralisé la diffusion du kabyle[29]. Quant à l'arabe littéral, son emploi est cantonné au système d'enseignement et aux administrations de l'État central[7]. En pratique, c'est plutôt le français qui est employé pour les usages écrits ou savants et, de façon presque exclusive, dans le commerce et la publicité[6].