Sétif est le point de départ le 8 mai 1945 d'une série d'émeutes nationalistes réprimées dans le sang par les autorités coloniales françaises.
À Sétif, le mardi 8 mai 1945, la ville est pavoisée. C’est le jour de la capitulation allemande, les Algériens sont autorisés à célébrer la victoire des Alliés. A Sétif, la manifestation autorisée commence à envahir les rues dès 8 heures. Estimée à plus de 10 000 personnes, elle défile avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs et des pancartes « Libérez Messali Hadj », « Nous voulons être vos égaux » « ou « A bas le colonialisme ». Le PPA (Parti du Peuple algérien) a créé un drapeau qui servira de modèle pour celui de l’Algérie future. Les militants le mêlent à ceux des Alliés. Vers 8h45 surgissent des pancartes « Vive l’Algérie libre et indépendante » et en tête de la manifestation Aïssa Cheraga, chef d’une patrouille de scouts musulmans, arbore le drapeau algérien. Tout dérape alors : devant le café de France, la tentative de la police, qui a voulu s’emparer du drapeau algérien (exhibé pour la première fois) que brandit Aïssa Cherraga puis par le jeune Saâl Bouzid qui s’en est emparé, sera la cause du drame. Face à l’obstination du jeune Saâl Bouzid (on essaie de lui retirer le drapeau mais il résiste), la situation dérape et des coups de feu éclatent entre quelques manifestants armés (alors qu'il était convenu que le cortège serait désarmé) et les policiers. Le jeune porteur de drapeau s’effondre, touché par une balle de la police. Les tirs provoquent la panique et, devant le drame, certains manifestants en colère se replient et s’en prennent aux Européens rencontrés au hasard et les massacrent. Selon l’anticolonialiste Yves Benot et le journaliste Charles-Henri Favrod, très proche du FLN, « dans les 20 minutes qui ont suivi l’arrêt de la manifestation, 28 européens ont été tués dont 9 par armes à feu, 10 par armes blanches et les autres à coup de gourdins hérissés de lames de rasoir. »[5] La nouvelle de l’émeute gagne rapidement la région. La manifestation d’indépendantistes à Sétif tourne à l’insurrection violente. La révolte gagne les villes voisines. La répression qui s’ensuivra sera d’une brutalité extrême, faisant des milliers de morts parmi les insurgés. L’armée française s’est livrée à un nettoyage en règle pour mater un mouvement qui aurait pu s’étendre.
C’est le gouverneur Chataigneau qui décrète l’état de siège. Il donne pleins pouvoirs au général Henri Martin, patron de l’armée en Afrique du Nord pour « rétablir l’ordre d’urgence ». La France coloniale ne lésine pas : 40 000 soldats. Les villages "rebelles" sont bombardés. La marine de guerre pilonne les côtes.
L’État français annonçait à l’époque 102 morts européens et 1 500 Algériens tués. Officiellement, le gouvernement algérien parle aujourd’hui de 45 000 victimes, chiffre avancé dès l'été 1945. Les historiens s'accordent à compter entre 4 000 et 10 000} morts[5]. Pour Benmebarek, l'administrateur en charge de la région de Sétif lors du massacre, il s'élèverait à deux mille morts